Chapitre I: Juste un moment de solitude ou le ciel pleure son plus bel ange

« -Papa, dis-moi pourquoi j’ai si mal. »
Tu le regardes avec une peine immense, du haut de tes cinq ans tu ne comprends pas les circonstances. Ta mère est couchée sur le lit, tel un ange, elle semble dormir paisiblement. Tu la trouve magnifique, mais déjà, tu la sais partie au loin. Son ventre ne bouge plus, sa peau semble si pâle et tellement froide. Il pleure devant toi, tu sais qu’il aurait aimé se retenir, mais sa peine à lui est bien plus forte que la tienne. Il ne te répond pas tout de suite, le cœur serré par la tristesse qui le ronge, il semble chercher les mots pour te répondre. Il venait de perdre l’amour de sa vie et toi, toi petit être que tu es, tu viens de perdre ta mère. Tu la savais malade, mais elle avait toujours parue si forte malgré ses faiblesses physiques. Tu baisses les yeux et regarde le sol, la regarder elle était trop dur pour toi, c’était comme accepter qu’elle parte sans opposer de résistances. Il s’agenouille devant toi et plonge son regard brisé dans le tiens, il sourit pour tenter de te réconforter, mais tu le sais, ce sourire est faux et forcé. Malgré tes cinq ans tu n’es pas stupide, tu sais reconnaitre la peine quand tu la vois dans le regard des gens que tu aimes.
«-C’est la peine mon ange, mais dis-toi que ta maman veillera toujours sur toi. »
Non, tu ne le crois pas, après tout la vit n’avait pas a abandonner ta mère. Tu ne réponds pas et fond en larme dans les bras protecteur de ton père, comme si il ne restait plus que ça pour te protéger. Tes cheveux noirs sont en batailles, tes yeux bruns presque ébène semblent pris d’une folie de larmes salées. Tu aimerais crier pour qu’elle revienne, tu aimerais donner ta vie en échange de la sienne, mais tout cela est impossible…la magie ça n’existe pas. Alors, tu approches du lit ou ta mère repose et sans prévenir, tu te couches à ses côtés pour te blottir dans ses bras inertes. Tu cherches un peu de chaleur, un peu de réconfort que tu ne trouves pas. Le froid…elle est si froide. Tes larmes continues à couler, mais ton père semble trouver cette image trop atroce pour la supporter d’avantage.
« Gabriel, viens. »
Tu ne bouges pas, tu t’accroche à l’image de ta mère souriante et vivante. Tu ressers ton étreinte autour d’elle, même si tu sais que lus jamais elle ne te retiendra. Non, tu ne veux pas la quitter, pas elle. Le jour de la naissance de ta mère, tu le sais, les anges ont pleurés leur plus bel ange. Egoïste comme ils sont, ils ont voulu reprendre ce qui est à eux. Le destin à voulu que tu deviennes orphelin bien trop tôt, pour cela, tu le déteste ce destin. Alors que tu t’accroches péniblement à ce fantôme, deux bras puissants t’arrachent à celle que tu aimes. Tu cries, tu pleures et tu tends les mains vers elle. Il ne veut pas te laisser plus longtemps avec elle, il a trop mal et toi aussi, tu le comprendras plus tard mais dans l’immédiat tu lui en veux de t’arracher à elle. Elle s’éloigne de plus en plus, comme une image lointaine que tu vas devoir oublier sans y arriver. Bientôt, la porte se referme sur son corps alors que tes cris résonnent dans la maison. Les invités t’observent peiné par ton chagrin, toi tu ne les vois pas, tu veux juste la retrouver elle.

Chapitre II: Juste de la rancoeur dans ce coeur qui ne demande cas aimer.


Tu penses qu’il l’a oublié dans les bras d’une autre, tu lui en veux, pourtant tu ne peux rien y faire. Six ans ce sont écoulés depuis sa perte, mais dans tes cauchemars, tu vois son visage froid et inerte sur ce lit allongée sans bouger. Tu essaies de vivre sans elle mais c’est dur, chaque jour te fais penser que ta mère n’est plus avec toi. Assis dans la cuisine tu regardes par la fenêtre, les oiseaux sont au rendez-vous et chantent le printemps. Ton cœur n’y est pas pourtant, tes pensées sont loin, elles sont avec elle. Une voix résonne dans la salle à manger, des rires aussi et cela te donne envie de vomir. Comment peut-il rire le jour de sa mort ? Tu as envie de te jeter à son cou, lui arracher les yeux de ses orbites…Mais tu te retiens, car malgré ta rancœur tu l’aimes ton père. Des bruits de talons viennent te rejoindre, depuis qu’elle habite avec vous plus rien n’est pareil. Ton père est heureux, mais toi, tu restes inconsolable. Au fond, tu ne lui en veux pas à elle, elle ne t’a jamais rien fait de mal que du contraire. Tu sens son regard sur toi mais ne la regardes pas, tu l’ignores comme toujours depuis deux ans. Parfois, tu vois de la peine dans son regards quand elle t’observe, mais tu n’en a que faire même si tu te sens quelques fois coupable, jamais tu ne l’avoueras.
« - Tu veux un bol de chocolat chaud ? »
Tu daignes la regarder de ton regard perçant et sans vie, elle essayait une fois de plus de communiquer avec toi. Elle est belle et rend ton père heureux, alors pourquoi la haïr à ce point ? Simplement parce qu’elle n’est pas elle. Tu la dévisage, froidement, même si ce n’est pas ton intention. Mais quelque chose en toi aujourd’hui te donnes l’envie de te confier, de lui partager ta peine, de la faire culpabiliser.
« - Elle est morte aujourd’hui…je m’en rappelle comme si c’était hier. Son visage, sa peau, le froid qui l’entourait. Les larmes que versait mon père, les cris que j’ai poussés quand il m’a arraché de ses bras… »
Elle semble mal à l’aise et triste, elle ne répond pas de suite mais vient s’assoir près de toi. Posant une main sur ta joue, tu sens les larmes monter à tes yeux. Non, tu ne dois pas flancher, tu ne dois pas pleurer une nouvelle fois. Pourtant, c’est plus fort que toi et tu fonds en larme silencieusement.
« -Elle me manque… »
Elle t’entoure de ses bras et étrangement, pour la première fois, tu retrouves cette sécurité que tu avais perdue le jour où elle t’a quitté. Elle n’a pas la même odeur, elle n’a pas le même visage mais tu le sais elle t’aime comme si tu étais son fils. Tu te rends compte alors qu’elle pleure elle aussi, qu’elle partage ta peine comme si c’était la sienne et pour cela tu l’en remercie. Toutes ses années tu t’étais battu pour ne pas l’aimer, craignant qu’elle prenne la place de celle que tu avais tant aimée. Toutes ses années gâchées ou tu aurais pu avancer avec elle, ou tu aurais pu enfin te libérer de ce poids qui te faisait couler. Maintenant, tu le sais, avec elle tu peux avancer. Oui, elle ne sera jamais ELLE, mais au moins elle est là pour te consoler quand tu en as besoin. Alors, pour la première fois en deux ans je lui sourie
« - Je veux bien un bol de chocolat chaud s’il te plait. »


Chapitre III: Juste des souvenirs.

Tu coures après Kiara en faisant mine de vouloir la manger, la petite lionne rigole aux éclats et tente de t’échapper. Tu as bien grandis, tu es fort et puissant, tu règnes sur un empire à toi tout seul. Nala, ta femme, te regarde avec amour et tendresse entourée des autres lionnes. Toi, tu n’as d’yeux que pour ta fille, elle qui est si belle, elle qui est si innocente. Tu l’attrape finalement par la peau du coup en poussant de petits rugissements amusés, elle crie en prenant un air apeuré.
« -Papa ! Papa ! Lâches-moi…Allais… »
Cela te rappelles quelque chose, toi plus petit quand ta mère essayait de te laver. Tu souris à ce souvenir et commences à lécher ta fille avidement, histoire de bien l’ennuyer et de la faire râler de plus belle. Elle prend un air outré et rageur, te donnant de petits coups de pattes, elle tente d’échapper à ton étreinte puissante. Pumba et Timon sont là aussi, ils t’observent t’amuser avec ta fille, tes plus vieux amis. Tu ressembles à ton père tu sais…ta mère te le répète souvent. Tu as la même sagesse, le même cœur et la même malice. Ta mère…Une autre image s’impose à toi, celle d’une femme au visage froid et inerte. Tu te réveilles en sursaut et en sueur, essayant de déchiffrer ton rêve étrange. Tu te lèves et va passer un peu d’eau sur ton visage, chamboulé par ce que tu viens de voir dans ta tête. Ce rêve, tu le connais bien pour l’avoir fait plus d’une fois, d’ailleurs, à chaque fois c’est une histoire différente.
« -Encore un cauchemar ? »
Ta petite sœur se trouve dans l’entrebâille de ta porte, tenant un nounours en forme de lion que tu lui as offert dans sa main. Tu fais un doux sourire devant sa beauté et son innocente, pouce en bouche, elle approche de toi et tu l’as prends dans tes bras. Elle aussi semblait avoir du mal à dormir, mais étant le grand frère, tu te devais de la rassurer.
« - Non, juste une insomnie. Que fais-tu debout petite lionne. »
Elle adorait ce surnom et tu le sais, d’ailleurs, elle sourit magnifiquement devant tes paroles. Tu la couche dans ton lit, car tu le sais, elle n’ira pas dormir seule aujourd’hui. Caressant ses longs cheveux bruns, tu l’observes tendrement. Ta petite sœur c’est ta déesse, c’est ta vie et pour elle tu donnerais tout et n’importe quoi. Tu es un grand-frère trop protecteur et tu aimes ça. Tu as bien changés, tu as bien grandis, tu viens de fêter tes vingt ans et pourtant tu te sens encore jeune dans ta tête.
« Je n’arrives pas à dormir, mais avec toi j’y arriverais. »
Et elle ferma les yeux tout en se blottissant contre ton torse, comme toi, elle disait ce qu’elle pense et tu adorais cette qualité. Couché près d’elle, tu tentes de te remémorer ton rêve en détaille, mais déjà celui-ci semble se dissiper dans ta mémoire. Tu as rêvé de lion puis de ta mère, mais tu ne te souviens de rien d’autres. Cela t’énerve au plus haut point, c’est comme si ton esprit tentait de te dissimuler quelque chose d’important, d’interdit. Non, tu dois arrêter de te torturer. La respiration lente de ta petite sœur te berce, très vite tu te rendors mais comme toujours, tu refais ce rêve. Nala, Kiara, Timon, Pumba, ta mère…Tous cela veut dire quelque chose, mais tu ne le sais pas. Tous cela c’est ta vie, mais tu ne t’en souviens plus…Simba.


Et aujourd'hui, qui suis-je?

De nos jours qui tu es ? Tu es un jeune homme de 25 ans qui étudie pour devenir vétérinaire. Tu habites seul dans une grande maison, tu as des amis mais pas de petite amie. Non, ton cœur semble chercher une personne bien spéciale, une personne qui te ferais rêver. Tu aimes la vie, même si ton passé a été tourmenté. Ta petite sœur te manque, tes parents aussi car oui, ta belle-mère est à présent la femme de ton père mais aussi une mère à tes yeux. Tu fais des rêves étranges la plupart du temps, mais généralement tu ne t’en souviens pas. Tu ne te souviens que de deux noms : Nala et Kiara, mais pour toi, cela ne veut rien dire et pourtant…